Histoire sociale des langues de France
langues-de-france.org
L' Histoire sociale des langues de France
Dix ans après la parution de cet ouvrage majeur,
un symposium les 23 et 24 novembre 2023 à Brest
HSLF est l'acronyme de : Histoire sociale des langues de France.
Ce site a été créé à l'occasion de la parution de l'ouvrage éponyme paru aux Presses universitaires de Rennes en 2013, et dont tout le monde s'accorde à dire qu'il représente une somme sans équivalent dans le paysage de la littérature scientifique, comme dans la culture générale des Français.
Il donne à découvrir ce qu'a représenté la genèse et la réalisation d'un ouvrage unique en son genre qui explore un aspect par trop méconnu de la société française. Il est question ici des langues de la France métropolitaine, des langues de l'Outre-mer et de celles de l'immigtration.
Dix ans après la parution de cet ouvrage qui reste sans équivalent, la revue La Bretagne linguistique que publie le Centre de recherche bretonne et celtique à l'Université de Bretagne occidentale, à Brest, organise un symposium en vue d'un nouvel état des lieux nécessaire sur les pratiques langagières en France, que la langue parlée soit dite régionale, nationale, d'Outre-mer ou d’immigratio.
Le symposium, qui va se dérouler les 23 et 24 novembre 2023 à Brest, vise à actualiser nos connaissances sur l'Histoire sociale des langues de France et tentera d’apporter des réponses à une question : comment et pourquoi ce qui se parle se parle ?
Découvrez ci-dessous l'argumentaire de cette rencontre, ainsi que les noms des intervenants tout comme les sujets dont ils vont traiter.
Lisez ou relisez sur les autres pages du site le récit de la belle aventure que fut la publication de l'Histoire sociale des langues de France il y a dix ans.
Répondre à la question : comment et pourquoi
ce qui se parle se parle ?
Ci-dessus : l'affiche du symposium
À l’été 2023, un touriste qui vient à Brest chercher un peu de fraîcheur ne manque pas de la trouver. S’il est attentif aux pratiques langagières, il entendra, dans les rues, parler bien des langues. Le français, bien sûr et surtout, avec peut-être quelques caractéristiques de phonologie ou de vocabulaire propres à ce que l’on caractérise parfois comme le parler brestois (1), un des idiomes parmi d’autres de ce que l’on appelle le français (2). Il entendra aussi du berbère ou de l’arabe, du portugais, parlés par des immigrés installés à la pointe du Finistère dans les années 70 ou bien par leurs enfants et petits-enfants nés à Brest. Il croisera des Antillais parlant créole, souvent venus en métropole dans le cadre du programme Bumidom.
Et puis, s’il tend bien l’oreille, il entendra parler breton. S’il tend bien l’oreille car, de nos jours, le breton se pratique majoritairement dans la sphère privée (3), entre pairs que ne sépare aucune limite symbolique ou institutionnelle (4) : sous ses formes monarchiques, impériales ou républicaines, l'État a justement œuvré pour que la pratique des autres langues de France soit majoritairement cantonnée à cette sphère de l’intime, la domination symbolique subie par ces locuteurs, avec son lot habituel de représentations épilinguistiques négatives, expliquant alors l’arrêt de la transmission au sein des familles (5) – cela a pu être vrai pour le breton, mais aussi pour le berbère, le portugais ou le créole. Pour autant, s’il prend le tram brestois, notre touriste entendra une voix de femme lui annoncer en breton, dans une phonologie très proche du français, qu’il lui faut descendre à l’arrêt Liberté s’il souhaite se rendre à la gare. De même, il verra partout dans la ville des panneaux signalétiques bilingues : le breton a bel et bien une valeur symbolique (6), qui dépasse la seule fonction de communication.
Que peut-on dire des pratiques langagières en France ?
A Brest, le français se porte donc bien, en effet. Et il en est de même ailleurs sur le territoire de la République (7). Mais qu’en est-il des autres langues parlées sur ce même territoire ? Que peut-on dire des pratiques langagières en France ? Qui parle quoi, comment et pourquoi ?
Il y a dix ans, l’Histoire sociale des langues de France avait tenté de répondre à ces questions dans une somme qui avait fait date. On y trouvait la mise en lumière du paysage sociolinguistique de la France, selon trois objectifs affichés :
- l’équilibre entre la production et la réception : qu’en est-il de la pratique de telle et telle langue ?
- l’absence de réification : ce ne sont pas les langues qui sont en contact, mais bel et bien les locuteurs de ces langues ;
- la recherche d’un « compromis entre une grammaire historique et une histoire externe de la langue » (p. 31).
Le terme « langues de France », tout comme celui de « langues régionales » (8), a été souvent discuté. On peut ainsi citer un numéro de la revue électronique Glottopol (9) intitulé : « Les « langues de France », 20 ans après ». Les guillemets qui encadrent sont un écho au débat que cette dénomination a pu poser, pour des raisons scientifiques ou plus sûrement idéologiques – comment un nationaliste breton ou corse peut-il accepter que la langue qui justifie souvent son idéologie soit une langue de France ?
Les pratiques langagières sont des pratiques sociales
Dans le cadre de ce symposium, nous conservons ce qualificatif car, outre qu’il figure dans le titre de l’ouvrage publié il y a dix ans, c’est celui qui correspond le mieux à ce qui nous intéresse et qui sous-tend la perspective scientifique adoptée : sur le territoire français, les pratiques langagières – qui sont des pratiques sociales, que la langue parlée soit dite régionale, ultramarine, nationale ou d’immigration. Derrière chacune des langues qui composent le paysage sociolinguistique brestois, et plus largement français, il y a des locutrices et des locuteurs, qui s’inscrivent dans une histoire : avant 1848, les noirs des Antilles étaient des esclaves, avant 1962, les Berbères et les Arabes d’Algérie étaient des indigènes, pendant que nos arrière-grands-parents bretons étaient des citoyens. On ne peut évidemment pas faire comme si cela n’avait pas d’incidence.
Dix ans après la publication de L’histoire sociale des langues de France, ce symposium voudrait donc tenter d’apporter des réponses à une question : comment et pourquoi ce qui se parle se parle ?
(1) Voir Annie Le Berre, Joli comme à Brest : le parler tit zef, mots et expressions brestoises, Brest, Le Télégramme, 2001. Pour une illustration, voir les chroniques de Steven Le Roy : https://www.tebeo.bzh/emission/breves-de-trottoir/
(2) Sur la définition d’idiome, voir Jean Le Dû & Yves Le Berre, Métamorphoses. Trente ans de sociolinguistique à Brest (1984-2014), Brest, CRBC, 2019.
(3) Voir le dernier sondage TMO région/Région Bretagne de 2018 : Les langues de Bretagne. Enquête sociolinguistique. Sondage 2018 : les principaux résultats, téléchargeable sur le site de la Région Bretagne <https://www.bretagne.bzh/>.
(4) Voir Ronan Calvez, « Ce que parler du breton veut dire », Ethnologie française, 2012/4, vol. 42, p. 647-655. DOI : 10.3917/ethn.124.0647. URL : https://www.cairn.info/revue-ethnologie-francaise-2012-4-page-647.htm
(5) Voir Pierre Bourdieu, Ce que parler veut dire. L’économie des échanges linguistiques, Paris, Fayard, 1982.
(6) Voir Nelly Blanchard, Ronan Calvez, Mannaig Thomas, « Signe et sens en balance : le breton affiché dans la ville de Brest », International Journal of the Sociology of Language. Breton: the post vernacular challenge, De Gruyter Mouton, number 223, 2013, p. 137-152.
(7) Voir Les Linguistes atterrées, Le français va très bien, merci, Tracts, Gallimard, n° 49, 2003.
(8) Voir Romain Colonna, « Langues régionales », Langage et société, 2021/HS1 (Hors série), p. 217-220. DOI : 10.3917/ls.hs01.0218. URL : https://www.cairn.info/revue-langage-et-societe-2021-HS1-page-217.htm
(9) Christian Lagarde (dir.), Glottopol, 34 | 2020, « Les "langues de France", 20 ans après ». URL : https://journals.openedition.org/ glottopol/329.
Les intervenants au symposium de Brest
Ronan Calvez, Introduction au symposium et problématique
Paul de Sinety, Délégué général à la langue française et aux langues de France
Georg Kremnitz, L’Histoire sociale des langues de France, 10 ans après – évolutions et stagnation
Véronique Bertile, Les langues de France : de quel(s) droit(s) ?
Michel Launey, Transmission intergénérationnelle, variation interne, valeur patrimoniale des langues de France : des paramètres en cours de clarification ?
Arnaud Dhermy, Les patrimoines des langues de France à la BnF et dans son réseau de coopération : un état des lieux
Alexandrine Barontini, Les arabophones de France
Marie Perini, Situation sociale de la LSF aujourd’hui, entre avancées et fragilités
Isabelle Léglise, Quel accès aux services publics pour des citoyens non-francophones en Outre-mer en général et en Guyane en particulier
Corinne Mencé-Caster, Contacts de langues prolongés (français/créole martiniquais) et pratiques langagières des locuteurs : quels outils et concepts pour les décrire ? Décréolisation ? Refrancisation ? Évolution « contrainte » de la langue créole ?
Valelia Muni Toke, Pour une Histoire sociale des « langues de France » dans le Pacifique
Erwan Le Pipec, Le breton des jeunes locuteurs : ce que « pas le même breton » veut dire…
Pascal Ottavi, Le corse et les langues de France : de quel côté du limes ?
Yan Lespoux, 10 ans après, où en est-on de l’enseignement de l’occitan ?
Eguzki Urteaga, La langue basque dans l’hexagone : compétence, transmission, pratique et attitude
Fañch Broudic, Trente ans de sondages sur la pratique sociale du breton et les représentations qui lui sont liées
Le déroulement du symposium
Il aura lieu les 23 et 24 novembre 2023
salle C219, à l'UFR Lettres et Sciences humaines, Faculté Victor Segalen, Brest
Les horaires
Le jeudi de 10h00 à 12h15, puis de 14h00 à 18h00
Le vendredi : de 9h00 à 12h30
Accès sur inscription préalable et dans la limite des places disponibles :
Pour en savoir plus
La page de La Bretagne linguistique sur le site du Centre de recherche bretonne et celtique
La genèse du projet HSLF de 2013
L'édion de l'ouvrage
Le colloque du lancement à Paris
Les étapes
Genèse du projet HSLF et photos
Publication de l'ouvrage et photos
Chercheur invité : Pïerre Encrevé
Le colloque de Montpellier
Georg Kremnitz à la Sorbonne
Pour en savoir plus
Contacter l'éditeur
L'Histoire sociale des langues de France est parue aux Presses universitaires de Rennes.
L'ouvrage est disponible en librairie.
Pour consulter le site de l'éditeur : cliquer ici
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