Histoire sociale des langues de France
langues-de-france.org
Le colloque du lancement du projet HSLF
à l'INALCO, Paris
Michel Bert
CLAPI-CNRS
Jean-Baptiste Martin
Université de Lyon II
Francis Favereau
Université de Rennes II -Haute-Bretagne
L
Table-ronde.
Pour une histoire sociale des langues de France. Méthodologie, objectifs.
Pour une Histoire sociale des langues de France : les Actes du colloque Paris - INALCO 2004
Michel Bert
Occitan et franco-provençal dans le Massif du Pila
Le massif du Pilat est situé sur la zone de rencontre entre l'occitan et le francoprovençal.
L'étude linguistique et sociolinguistique que j'ai effectuée sur le massif du Pilat repose sur des observations et des enquêtes menées pendant près d'une décennie dans 25 localités environ, auprès de plusieurs centaines de témoins, à la fois des locuteurs âgés, dont certains sont encore usagers quotidiens de la langue vernaculaire, des personnes plus jeunes, qui se décrivent comme des locuteurs passifs ou encore comme de jeunes habitants de la région, exclusivement francophones.
Le massif du Pilat est traversé d'est en ouest par la limite entre francoprovençal et occitan. L'est du domaine, environ 20 km par 30, est bordé par le Rhône. La géographie du massif peut se décrire comme un escalier dont la première marche serait la vallée du Rhône. La seconde est un plateau de moyenne altitude alors que la troisième est une région d'altitude élevée, avec des sommets qui culminent à plus de 1 000 mètres.
Cette configuration est importante car elle correspond à différents stades de vitalité de la langue vernaculaire. A l'issue des enquêtes, à l'aube de l'année 2000, les quelques locuteurs des parlers locaux de la vallée du Rhône étaient tous des hommes, au moins octogénaires, et une partie seulement de cette tranche d'âge parlait l'occitan ou le francoprovençal. Dans la région intermédiaire, les locuteurs étaient en majorité des hommes. Ils se recrutaient parmi les plus de 65 ans. Enfin, sur les hauts plateaux, l'ensemble de la population de plus de 60 ans, hommes et femmes, savaient parler la langue vernaculaire.
Ces différences s'expliquent par l'époque et le mode de renversement linguistique qui a vu la population des parents passer de la langue régionale au français avec leurs enfants.
Dans la vallée du Rhône, francisée depuis longtemps, la majorité des parents parlaient français au enfants dès avant la première Guerre Mondiale. On n'a parlé l'occitan ou le francoprovençal qu'à quelques garçons, et en général à partir de l'adolescence seulement, lorsqu'ils commençaient à participer avec les hommes aux travaux des champs. Le fait que les paysans n'étaient alors déjà plus qu'une minorité explique qu'une petite partie des hommes âgés parle encore la langue régionale.
Sur le plateau intermédiaire, le passage du parler local au profit du français avait également débuté au début du XXe siècle auprès des enfants, mais le remplacement s'est étalé sur une plus longue période : il ne s'est achevé qu'à la veille de la seconde guerre mondiale.
Enfin, dans la partie la plus élevée du Pilat, le remplacement de langue a été bref et violent. Commencé après la première guerre, parfois au milieu d'une fratrie, il était achevé à la fin de la seconde guerre mondiale. Il s'est accompagné d'une volonté de censurer le parler local : les parents et parfois même l'ensemble d'une communauté villageoise ont tenté de s'abstenir de le parler aux enfants et même devant eux. Cette stratégie a marqué les actuels "semi-locuteurs", qui se décrivent comme des personnes qui comprennent le parler local mais ne savent pas le parler : ils pensent très souvent ne l'avoir presque jamais entendu. Pourtant, des tests auprès des personnes que j'ai réussi à convaincre de participer aux enquêtes ont montré que leurs compétences passives et actives sont souvent bien plus importantes qu'ils ne le pensaient.
Le renversement linguistique n'étant pas très ancien dans les deux régions les plus élevées du Pilat, il a été possible, grâce aux entretiens avec les témoins, d'observer la diffusion du français au sein des villages. Les bourgs ont été touchés en premier, les hameaux isolés restant à l'écart plus longtemps. Au sein de la population, les familles les plus pauvres ont en général parlé la langue régionale plus longtemps. Mais quand elles passaient au français, la censure du parler local était très stricte. A l'inverse, certains groupes sociaux comme celui des artisans, se sentant protégées des clichés attachés au patois par leur statut social, l'ont parfois maintenu assez longtemps. C'est parmi ce type de famille que se recrutent aujourd'hui les locuteurs les plus jeunes, si l'on excepte les locuteurs "tardifs", qui ont commencé à parler patois à l'adolescence. Ceux-là sont en général issus du milieu paysan.
Du point de vue linguistique, l'époque, la durée et les modalités du remplacement linguistique jouent un rôle évident. Comme on pouvait s'y attendre la durée du contact entre le français et la langue régionale a eu une incidence sur la langue en recul : dans la vallée du Rhône, le langue régionale est nettement plus marquée par l'influence du français dans les régions plus éloignées des grands axes de communication, où elle risque de disparaître sans pratiquement sans avoir subi l'influence du français : elle s'éteindrait alors «en bonne santé».
Aujourd'hui, on observe dans le massif du Pilat une forme de dynamique de déclin de la langue régionale. La communauté linguistique se disloque en réseaux toujours de plus en plus étroits d'usagers habituels. Des locuteurs qui avaient coutume de parler entre eux la langue régionale passent peu à peu au français, même chez les personnes les plus âgées, et aucune nouvelle relation en langue régionale ne se crée. Les locuteurs ignorent que certaines personnes avec lesquelles ils entretiennent pourtant des relations sociales savent parler la langue régionale, ils ne sont pas d'accord sur le nombre de locuteurs de leur village, et eux aussi sous-estiment les compétences des semi-locuteurs. Ces comportements ne peuvent qu'entraîner un déclin de plus en plus avancé. Au niveau local, dans le cadre de communautés linguistiques de taille réduite, les enquêtes ont parfois modifié certains comportements mais ces modifications ont pratiquement cessé avec la fin des enquêtes. Comme souvent, ce sont les "semi-locuteurs" qui montraient le plus d'enthousiasme dans les projets de promotion ou de revitalisation des parlers locaux.
Pour conclure, il faut signaler qu'on n'observe pas de différence notable dans les comportements ou les attitudes entre locuteur du francoprovençal et locuteurs de l'occitan. Ceci s'explique sans doute par le fait que le massif du Pilat est situé à la marge de deux grands ensembles linguistiques. Dans cette région où la langue régionale n'apparaît dans aucun média, où les mouvements de promotion ou de revitalisation sont absents, les locuteurs ignorent que leurs parlers appartiennent à un ensemble plus vaste. Ils ne connaissent pas l'existence du terme francoprovençal et ils imaginent que l'occitan, quand il connaisse son nom, est une langue unifiée parlée dans le Sud. L'occitan ne jouit donc pas dans cette région de l'image dont il peut bénéficier d'habitude dans d'autres régions.
Jean-Baptiste Martin
Le laboratoire franco-provençal
Dans cette table ronde, je veux évoquer le francoprovençal qui n'a pas été étudié au cours des séances précédentes. Je pense en effet que les observations que l'on peut faire sur le francoprovençal ont une portée qui dépasse largement les limites de la troisième langue gallo-romane qui, je le souligne au passage, ne bénéficie pas encore d'une reconnaissance officielle qui permette de l'enseigner dans le secondaire.
Le francoprovençal me semble un bon laboratoire pour l'étude des rapports entre une langue officielle et une langue régionale. En effet, en France, le francoprovençal souffre de l'influence oppressante du français depuis longtemps et pas seulement depuis la Révolution ou l'école de Jules Ferry. Le prestige de la langue du Roi a commencé à Lyon dès le XIIe siècle et dès la fin du Moyen Age Lyon avait abandonné sa langue vernaculaire au profit du français. Comme Lyon était une ville importante et, en fait, le centre directeur du francoprovençal, cette situation ne pouvait pas être sans conséquence pour l'ensemble de la région soumise à l'influence lyonnaise, et par conséquent sur une bonne partie du francoprovençal qui n'a cessé, dès lors, de décliner d'abord dans certaines couches de la population, puis de façon générale.
Lors de l'enquête de l'abbé Grégoire, le correspondant lyonnais affirme qu'on parle patois dans les villages alentours mais la langue qu'il décrit pour Lyon est nettement du français, même s'il est teinté de dialectalismes ou de régionalismes. L'exemple de Lyon permet donc d'étudier le rôle que peut avoir une grande ville sur le destin d'une langue régionale mais aussi l'influence exercée par cette même cité sur l'évolution de la langue nationale. En effet, il ne faut pas l'oublier, Lyon a joué un rôle important dans la diffusion du français, que ce soit le français de Paris ou le français régional de Lyon (il suffit par exemple de voir comment le français régional fayard qui désigne le hêtre s'est développé loin du noyau central du francoprovençal d'où il provient).
Le fait que le francoprovençal soit depuis longtemps en déclin, qu'il n'ait pas eu une littérature écrite aussi abondante et aussi prestigieuse que celle de l'occitan, qu'il n'ait pas bénéficié de revendications linguistiques fortes est vraisemblablement une des conséquences de cette suprématie très précoce du français dans cette aire.
Le francoprovençal permet d'étudier une autre influence qui s'est conjuguée avec celle du français, je veux parler de l'influence de la langue d'oïl qui représente l'ensemble le plus proche du français. Le francoprovençal, comme vous le savez, se situe au sud de la langue d'oïl, et l'influence de cette dernière, sans doute renforcée par le français, s'exerce depuis longtemps sur la partie contiguë du domaine francoprovençal. Des études ont été faites sur le recul du francoprovençal au profit de la langue d'oïl. Ce recul est particulièrement net dans la région de Mâcon ainsi que dans le nord du Lyonnais, zone où récemment la plupart des voyelles atones finales ont disparu et que Gaston Tuaillon a appelée francoprovençal dégradé.
Mais il n'y a pas eu seulement recul sur la zone de contact des deux langues. Il y a une quinzaine d'années, nous avons effectué une série d'enquêtes sur l'ensemble du Lyonnais pour voir comment le francoprovençal avait évolué depuis les enquêtes de l'Atlas du Lyonnais qui datent de la fin de la deuxième Guerre mondiale, ce qui représente en gros un demi-siècle. Nous avons constaté (1) que si, dans l'ensemble, le francoprovençal avait bien résisté dans sa forme phonétique au cours des 50 années précédentes qui avaient vu la généralisation du français, il y avait néanmoins un nombre important de mots anciens qui avaient été relégués dans des emplois péjoratifs ou qui avaient même disparu. Ils avaient alors été remplacés par des mots français, souvent revêtus d'un habillage phonétique francoprovençal. Cela est particulièrement vrai le long du couloir Saône-Rhône qui a été et est encore une zone de passage important et qui a joué un grand rôle dans la diffusion du français ainsi que dans la francisation du francoprovençal. Michel Bert qui a consacré sa thèse (2) à l'étude du contact français - langue régionale dans la région du Pilat, qui est un massif situé entre le Rhône et Saint-Etienne sur la zone de rencontre entre le francoprovençal et l'occitan, complètera mon propos en revenant sur ce point. Il abordera aussi les différentes phases du passage de la langue régionale à la langue nationale.
Le francoprovençal est intéressant aussi parce qu'il offre la possibilité d'étudier l'évolution d'une même langue confrontée à des langues nationales et à des politiques linguistiques différentes. Si aujourd'hui le francoprovençal est encore bien vivant en Vallée d'Aoste, c'est que la pression de l'Italien y a été moins forte que celle du français pour la partie française correspondante. Mais c'est surtout parce que l'Etat italien a laissé à cette région autonome beaucoup de liberté pour promouvoir sa langue régionale, y compris à l'Ecole. Les Valdôtains voient dans leur « dzen patoué » (3) (leur joli patois) à la fois un patrimoine témoin de leur histoire, mais aussi un élément identitaire fort.
Si l'on regarde ce qui se passe en Suisse, on voit que la situation du francoprovençal n'y est pas plus florissante qu'en France. Le déclin d'une même langue régionale peut donc s'inscrire dans des contextes politiques différents (la Suisse, on le sait bien, n'est pas un Etat monolingue et centralisateur).
Je terminerai mes brèves observations en repassant la frontière et en revenant en France. En Savoie, même s'il y a aujourd'hui une forte volonté de revitalisation de la part de certains militants, l'usage populaire de la langue vernaculaire n'est pas plus élevé que dans les régions françaises voisines, et pourtant la Savoie n'est française que depuis 1860. Cette situation s'explique par le fait que la Chancellerie de Savoie avait adopté le français avant la fin du Moyen Age. Les Comtes de Savoie avaient en effet remplacé le latin par le français dès la fin du XIIIe siècle. Que ce soit en Savoie ou dans les autres régions de France ou de Suisse, les élites urbaines puis les différentes classes populaires ont ensuite progressivement abandonné la langue régionale, celle-ci étant perçue moins positivement que la langue nationale ou la langue prestigieuse. On constate donc que les politiques linguistiques constituent un facteur déterminant mais ne sont donc pas le seul élément à prendre en compte si l'on veut étudier l'histoire sociale des langues régionales.
Notes
(1) Cf. J.-B. Martin, Permanence et évolution dans les patois du Lyonnais depuis les enquêtes de l'ALLy, ABDO, 1995.
(2) M. Bert, Rencontre de langues et francisation : l'exemple du Pilat (Loire), thèse de doctorat, 2001.
(3) Noutro dzen patoué est le titre du Bulletin publié à l'usage du corps enseignant de la Vallée d'Aoste.
Francis Favereau
Bref état des lieux de la recherche aux confins de l'histoire sociale du breton
Avant d'engager le débat sur le projet d'une « histoire sociale des langues de France », voyons quels aspects de la recherche existante, présente mais aussi passée, peuvent être convoqués à cet effet. C'est ce que nous appelons la recherche « aux confins de l'histoire sociale du breton », parfois comparée à d'autres langues d'ailleurs (celtiques, de France ou d'Europe etc.)
La langue bretonne, seule langue celtique du continent, dont on connaît des gloses depuis plus de mille ans, sans parler de son ascendance antique (celtique et gauloise), a depuis fort longtemps intéressé les érudits, bien avant les « chercheurs » que nous sommes et je ne citerai ici pour mémoire que les Celtomanes de l'ancien régime, parfois même raillés par Voltaire.
Le XIXème siècle, après une Académie Celtique, a vu se développer une école historique qu'on nomme « bretonisme » avec pour corollaire une importante démarche philologique, approfondie ensuite dans le cadre des nouvelles Etudes Celtiques instituées après 1870 au Collège de France et dont le linguiste Joseph Loth occupera la chaire au tournant du siècle : outre sa thèse sur les premiers Bretons en Armorique, on le connaît fin connaisseur de la réalité (socio)linguistique de son temps.
Au XXème siècle, c'est d'abord la dialectologie qui prime avec le fameux Atlas Linguistique de Basse-Bretagne de Pierre Le Roux, achevé vers le milieu du siècle, puis récemment complété (2001) par le Nouvel Atlas… dirigé par Jean Le Dû, ici présent. Si les enseignements en sont surtout linguistiques, voire d'abord phonétiques, les nombreuses études qu'ils ont inspirés ont assez souvent une dimension sociolinguistique (aires, contacts et emprunts, oralité…), même si la dominante a longtemps été la géolinguistique historique (travaux du chanoine Falc'hun etc.)
La seconde moitié du siècle, notamment les trente dernières années, avec le développement important des études universitaires à Brest, après Rennes, mais aussi ailleurs, ont vu privilégier l'approche descriptive de divers parlers plus ou moins emblématiques de divers points de vue, soit sous forme de monographies, soit parfois de manière comparative et, plus récemment, thématique. Outre une dizaine de thèses de qualité, parfois publiées, on dispose aussi de plusieurs dizaines - voire de centaines - de travaux plus modestes (mémoires etc.), certains confidentiels, quoique souvent parus dans des revues associatives…
Si beaucoup de ces travaux (thèses et mémoires) portent sur la langue elle-même (lexicographie et parfois morpho-syntaxe), un certain nombre de points mentionnés dans l'inventaire que nous a proposé Georg Kremnitz n'en sont pas absents : l'évolution des aires géographiques, usage oral / écrit etc., code-switching…
Il est évident qu'un travail de synthèse serait possible, voire souhaitable, dans le cadre de ce projet d'histoire sociale du breton dont nous parlons, d'autant que l'usage du breton a fait l'objet de travaux spécifiques déjà évoqués (par exemple la thèse de Broudic sur l'usage depuis deux siècles).
Travaux récents
Voyons tout de suite brièvement quels sont les travaux de recherche collective qui concernent de près ou de loin notre sujet et qui, en tout cas, caractérisent la recherche universitaire actuelle sur la langue bretonne, essentiellement dans les équipes de recherche de Brest et Rennes.
Au cours des trente dernières années, on retiendra d'abord le groupe de recherche en « économie linguistique » de l'UBO qui, sous un autre vocable, est assez proche du projet proposé. Une douzaine de numéros de la revue Bretagne Linguistique sont consacrés à cette approche, dont le dernier volume résume bien les axes principaux : Dialectologie et Géolinguistique (2004). Le principal apport théorique de ce groupe, animé par J. Le Dû et Y. Le Berre, est la notion de « badume » (breton domestique ou de proximité), face aux standards, en l'absence de vraie norme, ce qui à l'évidence renvoie à la pratique sociale, y compris dans une perspective diachronique.
Depuis une dizaine d'années, après deux décennies marquées par les études descriptives (anciennes avec Fleuriot, plus souvent consacrées aux parlers, voire à la littérature contemporaine), nous avons orienté les recherches rennaises vers divers axes, un peu tous azimuts, selon les appels d'offres qui nous parvenaient de l'institution, voire d'Outre-Manche, généralement dans le nouveau cadre européen et, plus récemment, de manière contractuelle (contrats Etat-Région…)
Ceci nous a amené à diversifier l'approche théorique, étant entendu que le breton a fait l'objet d'études linguistiques sur des bases assez diverses : structuraliste, générativiste et, bien sûr, sociolinguistique (s'inspirant tantôt de Calvet, Fishman etc.), voire aujourd'hui - au 21ème siècle ! - selon diverses théories (je cite) « néo-sausurrienne », « néo-générativiste », « néo-guillaumienne », alors que beaucoup sont menées sous forme de réseaux embryonnaires en liaison avec d'autres universités qui privilégient plus nettement telle ou telle base théorique.
Disons pour être bref que les recherches sont généralement conduites, de façon pragmatique, « dans le cadre théorique existant », soit celui qui correspond le mieux au sujet et aux envies des chercheurs concernés. Trois axes de recherche ont été explorés avec plus ou moins de profondeur et de succès :
A l'heure actuelle, celle des contrats d'établissement (2004-7) et des nouvelles maquettes (master Breton & Celtique 2004), comme des projets européens (InterregIIIb - RUOA, étant entendu que nous travaillons désormais en liaison constante et en partenariat complet avec l'UBO de Brest), la thématique a évolué vers un nouvel intitulé, « paroles et écritures », toujours selon divers axes, avec des projets collectifs, que l'on espère pouvoir commencer à mettre en œuvre :
Objectifs
Il s'agit donc, compte tenu des conditions nouvelles de la recherche contractuelle en réseau, d'accompagner une certaine demande sociale qui passe par les nouvelles maquettes de diplômes (master et nouveau cursus LMD ou 3-5-8) et divers projets collectifs (MSHB : Maison des Sciences de l'Homme de Bretagne regroupant des chercheurs des universités Rennes 1, Rennes 2, UBO Brest - Université de Bretagne Occidentale - et UBS à Lorient - Université de Bretagne Sud).
Dans le même temps, nous nous efforçons de coordonner ces axes avec les priorités énoncées par les instances régionales susceptibles de nous aider financièrement, par-delà la logistique de base qu'assurent le ministère et l'Etat à notre Equipe d'Accueil (une douzaine de thèses en préparation - E.A. 3205), comme à l'UMR 6038 du CNRS qu'est le CRBC à l'UBO de Brest.
Mais il n'y a pas que la recherche, même appliquée, puisqu'on doit aussi parler valorisation et diffusion de la recherche fondamentale et appliquée. Un exemple significatif avant de terminer (peut-être déjà cité hier par F. Broudig qui était partie prenante et même au cœur de ce projet) pour donner une idée d'où nous en sommes en la matière, aux abords immédiats de cette histoire sociale que nous appelons de nos vœux : c'est une série télévisée documentaire de cinq fois 52 minutes (en breton et en français - soit près de 9 heures en tout au total) sur le destin du breton au 20ème siècle (planedenn hor yezh) qui, s'appuyant sur ces diverses recherches universitaires (Brest, Rennes…) donne la parole à un grand nombre de témoins comme à la plupart des chercheurs en question et constitue ainsi une solide référence en la matière.
Le nouveau Conseil Régional de Bretagne (à majorité PS-PC-UDB-Verts), par la voix de son responsable pour la langue bretonne, entend œuvrer pour le maintien et le développement durable si possible d'un breton d'essence « populaire », nous dit-il, notamment dans le cadre des usages sociaux en possible voie de renouvellement. De même, le Conseil Général du Finistère, par la voix de son Vice-Président en charge du breton, donne la préférence à un breton qui reste langue de communication et de proximité ; il lance, pour l'an prochain, un important concours dans les classes bilingues du département sur ce thème du savoir populaire partagé ou à partager, avec une dimension inter-générationnelle - autour du « mariage » - dans ses traditions comme dans sa modernité la plus discutée, voire polémique (comme le prouve l'actualité - PACS et mariage homosexuel etc.)
C'est donc dans ces conditions que nous sommes amenés à construire des partenariats et à chercher des financements pour les jeunes chercheurs, soit dans le cadre du « renouvellement de compétences des laboratoires » (ex bourses de thèses régionales), soit d'autres structures (PRIR), tout en cherchant à développer les cotutelles avec nos partenaires étrangers.
Mais la recherche n'y est pas toujours compatible avec nos propres priorités, d'autant que le statut des langues y est assez différent (langue officielle en Irlande, bilinguisme généralisé en Galles où les deux exécutifs régionaux viennent de signer une Charte, d'ailleurs en quatre langues - anglais, français, gallois et breton - sur la coopération culturelle, dont linguistique, économique et sociale, sans compter le Pays Basque à côté de l'exemple mirifique de la Catalogne etc.), mais sans oublier des échanges parfois fructueux avec les pays les plus lointains et les centres les plus inattendus (ex. Seattle, Sydney…), d'autant plus agréables que ce sont alors ces chercheurs qui sont demandeurs !
Espérons que ce sera aussi le cas en matière d'histoire sociale du breton : c'est tout le mal que je nous souhaite !